Télénantes

telenantes.jpg

Contact
Pour nous contacter
Mail :

secretariat@bouguenais-contrecourants.org

Téléphone :

Fixe 02 40 74 44 98
Portable 07 69 05 05 71
Atelier
Infos générales
Gazette Equip'âge
mise à l'eau VDB2 2021
Diaporama
Horloge Marées
Météo
Recherche



Mentions légales


Association Bouguenais Contre~Courants

Pour nous contacter :


secretariat@bouguenais-contrecourants.org

Siège social :

4, rue des Pêcheurs
44340 Bouguenais


Directeur de publication :

Patrick Lahaye

Webmestre :
Christian Butteau

Téléphone :
02 40 26 97 30
mercredi après-midi seulement


Hébergement :
Free.fr

Visites

 149480 visiteurs

 3 visiteurs en ligne

Blog de récits

VIGNETTE_VILLE_DE_BOUGUENAIS_sans_soutienV2.jpg

Brèves de navigation - Quand se voir - Tim Trzaskalik

 

Ci-dessous un poème, quelques vers d'un mar(écriva)in finement caustique mais pas acerbe !


Tim a silloné les côtes bretonnes à bord de Ville de Bouguenais II  pendant l'été 2020.

Subtil observateur, esprit délié à la plume prolifique, il nous a fait le don généreux d'un délicieux récit tout en poésie, que je publie ici tel quel, sans modification aucune et avec son autorisation bien sûr !


Merci infiniment Tim pour tes mots, pour ce témoignage unique de notre aventure commune.

Sarah

 

aber_vrach.jpg

 

Quand se voir

 

A Bruno, Émilie, Jeannot, Pascale et Sarah.

Pour Bouguenais Contre-Courants.

 

 

Il n’y a pas d’orange en mer

ni à Séville d’amour.

Dis, contre le feu du jour,

veux-tu m’offrir ton ombrelle ?

(F. Garcia-Lorca)

 

 

Ceci est un journal de bord versifié.

D’un bateau non pas tout à fait sobre. Ni ivre.

 

Qui l’écrit ? Un membre de l’équipage.

Page qui se blanchit à volonté,

équivalant à je, moi, tu, toi, il ou elle.

En principe, mais sans doute pas dans les faits.

 

 

***

 

 

Pour commencer (c’est fait) je présente

sur ces pages peu épiques l’équipage :

 

D’abord : Concept.

(Oui, il y a du concept à bord.)

Ici, concept veut

concevoir des constats.

En ordre.

Premier constat conçu :

Il n’y aurait rien à comprendre. Rien du tout.

 

Ensuite (il y en a, de la suite, en toute idée –

malgré conception pédagogique

peu logique d’un loup de mer

un peu démagogique) :

Voici Capitaine.

Fine gueule

(néanmoins,

patates paysannes au concept

sain(t) et doux sur la table

s’avèrent être discutables)

et

Grande Gueule,

ou G. G.,

voire même tout à fait

gégé.

Râleur tendre de première,

grincheux grinçant chantant,

Capitaine-Maquereau aussi,

il faut le dire d’emblée :

il vend ses matelotes

aux pêcheurs.

Pour deux kilos de langoustines.

Pareille calomnie est assumée ici

par poésie.

Car ainsi

poète se dispense

de se défendre.

En d’autres termes

il ne se défend pas

d’avoir censuré ici

maint propos bien genré

du genre.

Ou :

je ne défends pas mes silences imperméables.

 

Ensuite sa Seconde :

Belle personne ou femme qui sait tout faire –

gérer Gégé ;

reine de la gazinière ;

démarreuse

de démarreurs en panne ;

créatrice de calmes plats

pour manœuvres –

du genre « Voyez-une-adulte »

(même sans histoire,

c’est-à-dire même pas besoin de ça) ;

simplesse: simplement, souplement ;

mais je me rappelle à l’orde

pour ne pas multiplier

les épithètes à son égard

...)

 

Leurs matelots, la bande de bras cassés

(dixit Gégé), la voici :

 

Esprit léger (c’est lui qui le dit)

mais curieux, et représentant

culture G. à bord.

Adepte de la saisie, de mains pensives,

d’oreilles ouvertes.

 

Madame P. P.,

peintre-plongeuse

à la passion des passés enfouis

dans les nécropoles

au fond de

sombres profondeurs –

ou Mme Attentive.

 

Tête en friche ou brouillon particulier

ou feu d’artifice en tête.

Ou intelligence vive,

incapable de ne pas oublier

tout de suite tout concept

à l’écoute de la parole de l’autre.

 

Et, pour ne pas manquer à démocratie,

moi, Monsieur jambe cassée,

champion de la course à inutilité à bord,

et petit poète (qu’on ne peut pas être),

c’est-à-dire p.p. bis.

(Ici en imper impair.)

 

Voilà la panoplie parodique,

l’équipage, communauté de hasard,

alternative, non dirigiste,

plutôt gastronomique qu’astronomique,

réunie dans une situation d’exception

dite de vacances.

Des co-vides en évasion.

 

 

***

 

 

Il y a du concept à bord.

Mais il y a concept et concept.

Là-bas, cerveau seul ne saisit pas.

Faute d’intuition.

De prise en main.

Ici, concevoir ne serait pas comprendre.

Le concept de constat est favorisé.

Il n’y aurait rien à comprendre.

Point de poing serré,

point d’autre main serrant le poing,

mais fonction et place à constater.

Au nom de la mer qui dit (selon Étoile du Matin

différente de Vénus):

« je n’aurai pas de cesse avant que tu ne sois

tout entière emportée vers mes fonds

et que la neige de tes plus hautes cimes

rongée par mon sel ne se fonde

et qu’enfin il n’y ait plus rien d’autre que moi

et moi et moi et moi … »

(Morgenstern. Morgenstern.)

 

Gégé est réligieux

dans l’ordre des constatants.

Il n’y aurait rien à comprendre,

ni à Coriolis ni à Buys.

On constate que !

Si tu veux comprendre,

tu fumes ta mère –

en mer !

Comprendre : la mer à boire.

La fontaine des emmerdements maximaux.

 

Il y a beaucoup d’écoutes sur un voilier.

Capitaine a plein dans les oreilles.

Il est un peu du genre oreille sourde.

Qui aime les monologues extérieurs.

Aussi pour partager connaissances,

mais sans co-naissance.

Grand lecteur des courants

d’en-bas et des courants d’en haut.

Des étoiles aussi.

Mais pas que lecteur. Pas que.

Tout à fait poète aussi. Malgré

lui. Contre-Jourdain. Poète

spécial. Constant constatant

du sensible. Sèche-linge

à concepts. Ou conceptualiste

sec.

 

 

***

 

 

Aux bords d’une communauté

(aux bords bien barbelés) :

une communauté à bord…

On fait ce qu’on peut,

mais il n’y a de réalisable que l’impossible.

Ça va mal.

Ça = rapports sociaux.

L’art de se laisser déranger

est la chose la moins partagée au monde.

Et parmi dangers

il y a celui de trop se chamforter

et de voir des forêts de Bondy partout

(vide Maximes et pensées 275).

 

 

***

 

 

Leiris dit (en 1931, à bord

du cargo à vapeur Saint-Firmin,

embarqué pour Dakar) :

« Ce qu’il y a d’inouï

quand je mets les pieds sur un bateau,

c’est que d’un seul coup

tout devient vrai.

L’idée de vieillir

me devient beaucoup plus acceptable,

car la vieillesse même me paraît

infiniment moins laide,

du moment qu’il ne s’agit plus

d’une vieillesse de bureaucrate. »

 

 

***

 

 

Même un cours sur les nuages reste dans les limites

du concept constaté, du constat conceptuel.

Qui se consacre à l’étude des nuages

ne semble point perdu pour Gégé.

Désir de saisir n’est pas

désir de se laisser saisir.

Objet nuage ?

Je lis

de Marcel Beyer

le récit de l’Élévation

de Glaisher et Coxwell

(plus je monte haut, plus je perds conscience,

plus je comprends sans effort…) :

perte de conscience du chercheur

représente résultat de recherche.

Objet non conservable,

non archivable :

Chameau, belette, baleine,

selon William Clement Ley

en 1878 à Londres.

Lecteur d’Hamlet.

(By and by, is easily said. – III.2.)

 

 

***

 

 

Oui la mer est bleue, si bleue…

Du bleu absurde à l’état pur

qui donne envie de travailler,

comme elle fait,

pour rien,

pour un bleu troublant,

pour concevoir un trouble.

Mais que peut vouloir dire

un trouble conçu ?

 

 

***

Manoeuvre d’accostage près

du tombeau de Perros. Huit mains

utiles. Tandis que pitié

font bien ensemble quatre mains :

Tête en friche et petit poète

assument bonne division

du travail. Concept il y a.

Mais embelle n’est pas ombelle.

Et ombelle n’est pas ombrelle.

Allez me demander pourquoi.

Je constate. C’est comme ça.

Lalalala… Lalalala…

 

 

***

 

 

Bleu absurde moutonne par-ci par-là

aujourd’hui.

Dauphins suivent l’affaire.

Et globicéphales.

Petit p.

ne travaille pas qu’en dormant :

j’aime les dérangements.

Sans être mal rangé par principe.

Et sans oublier

mes oranges

qui ne m’appartiennent pas.

Les choses que la mer n’a pas.

Vie absente prime.

Et nous charge

des rapports sociaux.

Qui fleurissent naturellement

en compagnie.

Quand deux ou trois se rassemblent

au nom de personne.

Ou de qui que ce soit.

État d’exception

peut provoquer

gentillesses et attention,

bienveillances dans la promiscuité.

Même dans un

fume-ta-mère

d’un poète malgré lui.

Gégé généreux

et général d’un temps révolu

(quand bien même revoulu).

Je le vois bien

avec un cheval à bord,

et un beau chapeau :

en Kirk Douglas

pestant contre

barbelés du temps

(devant sa Gena Rowlands

qui n’est plus à lui).

 

Nous avons beau consommer

plus de rouge que de gasoil

(énoncé tout relatif,

pétole ou pas pétole) :

Tout est histoire.

Peu importe le nombre des natures.

Des multinaturalismes.

Les pôles bougent.

Le pourquoi du comment

est hypothétique.

Hypothèses servent aux peureux

qui n’ont pas le courage

de dire :

je ne sais pas,

mais c’est comme ça.

Concept dit

le Tango des forces.

Constaté par

Edmond Halley.

 

Il y a inclinaisons magnétiques,

courants et dérives,

et dérades poétiques.

 

Au nord de Bréhat

nous filons par-dessus

des marmites.

Mer calme tourbillonne,

gargouille,

fait des bulles,

bleues, argentées, grisâtres.

Âtre sous-marin ?

De l’antre des Mânes ?

Non.

Surfaces priment.

Courant pousse fort.

Piston naturel.

Puis vent repart

par dessus le marché,

en monnaie courante.

Vent contenu ou dit.

Voile est au bateau

ce qu’est dire au poème ?

Dit pousse le dire ?

Dire bien gonflé :

poème avance bien.

Voiles qui faseillent :

poème perdu dans son dire ?

Faseiller, faseyer, faséyer – de faselen,

moyen néerlandais : s’agiter violemment.

Sans lien apparent

avec le verbe allemand faseln,

radoter, rabâcher, dérailler.

 

Avant.

À Port-Blanc

mouillage devant un penseur pensif.

Taillé par lumière,

sculptrice du Ponant,

dans le granit d’une roche

universellement nue,

membre de la jetée d’un port naturel.

 

Après.

À Saint-Quay-Portrieux

les règles portuaires en vigueur,

les voilà :

« Faites en sorte d’être auto-suffisant,

ne comptez pas sur les autres pour vous aider.

Oubliez la courtoisie. »

Sainteté. Sainteté.

 

Où nageront mes mots,

petits poissons d’alentour,

tout mouillés

de vagues qui vont et viennent ?

 

Tim Trzaskalik

 


Date de création : 25/02/2021 @ 14:02
Dernière modification : 20/07/2022 @ 13:00
Catégorie : Brèves de navigation
Page lue 693 fois


Imprimer l'article Imprimer l'article


^ Haut ^